Je me suis bien amusé, merci ! by Guillon Stéphane

Auteur:Guillon, Stéphane [Stéphane, Guillon]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Humour
Éditeur: Seuil
Publié: 2016-03-08T16:00:00+00:00

Deux médiocres dans une vallée fertile

Je demande seulement à Val et Hees, des médiocres dans une vallée fertile, qu’ils n’entravent pas ce formidable média qu’est Radio France.

Daniel Mermet, Télérama, septembre 2010.

Les semaines s’enchaînent sans plus aucun contact avec ma direction. Je vais alors sympathiser avec deux femmes formidables, Marie-Claude Pinson, rédactrice en chef de l’information, et Claire Servajean, journaliste, présentatrice du 12/13. On se serre les coudes. Il faut dire que l’ambiance est exécrable. Le fossé s’est creusé entre une rédaction passionnée, amoureuse de sa station, et un directeur fantôme, brutal et incompétent les rares moments où il est présent. Il arrive, par exemple, que Val décide la veille pour le lendemain de convoquer ses ouailles. Philippe veut discuter et tout le monde doit être à sa disposition. Peu importe les impératifs de l’info, les emplois du temps des uns et des autres, un simple fax avertit tout le monde : « Demain, 10 heures, réunion chez Val ! »

Dans la rédaction, on glousse, on rigole sous cape :

« 10 heures du matin, il va tomber du lit, pépère !

— C’est la première fois qu’il va découvrir la rédaction si tôt.

— À moins qu’il change d’avis comme d’habitude ! »

Des poches de résistance s’organisent çà et là. La direction n’est plus respectée et ceux qui font la station, qui y travaillent parfois depuis des décennies, tiennent le coup avec cet humour jaune, ce rire amer. Le fait qu’une si belle radio soit ainsi abîmée les désole profondément. Le fait que Nicolas Sarkozy l’ait voulu ainsi n’arrange rien.

En revanche, chacun essaie de continuer à défendre la station et ses valeurs en travaillant ardemment. Hees et Val ne sont qu’un épisode malheureux de l’histoire d’Inter. La phrase de Daniel Mermet résume parfaitement la situation : « Deux médiocres dans une vallée fertile. » On bosse, on sauve les meubles, on maintient la belle sous perfusion, en attendant des jours meilleurs.

Je trouve donc un vrai réconfort auprès de Marie-Claude et de Claire, toujours la pêche, de vraies combattantes, souriantes et fortes… des femmes debout, comme dirait Ségolène.

Chaque matin, je passe leur dire bonjour aux alentours de 7 heures et je leur annonce en exclusivité le sujet de ma chronique.

Moi : « C’est Chatel qui régale !

Marie-Claude : – J’en étais sûre ! Non, mais t’as vu, vouloir supprimer l’histoire-géo aux terminales S. C’est un bêtisier ce gouvernement !

Claire : – Tu sais que c’est un ancien DRH de chez L’Oréal…

Moi : – J’en parle justement !

Marie-Claude : – Ah, j’ai hâte, j’ai hâte, je sens que ça va être bon ! »

Je crois qu’au fil du temps ces deux femmes sont devenues mes patrons de substitution. J’écoutais leurs conseils, me réchauffais à leurs encouragements. Elles ont toujours été là et le seront encore le jour où Hees et Val partiront. Elles sont le pouls, le cœur de la station. Quand une entreprise est dirigée par quelqu’un qui souffle en permanence le chaud et le froid, écartant les uns, promouvant les autres, l’ambiance se délite très vite.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.